Étire ta langue

Poésies et pensées vagabondes


Tranches de livre – extrait 18

Vous habitez dans le coin ? Lui demandais-je à brûle pourpoint en retirant la douce couverture. Pourrait-on se revoir un de ces jours ? Il y a des tas de sujets que j’aimerais aborder avec vous…

Je viens souvent par ici mon garçon, surtout le samedi après-midi. On se recroisera certainement.

Il me tendit sa main droite, je sentis sa force et sa douceur mêlées lorsque nos peaux, pour la première fois se touchèrent. Cette poignée de mains reste un souvenir frais et vivace. Trente-sept ans après, aucune poussière ne s’est déposée sur ces images lointaines. Nous reprîmes tous deux la direction de nos foyers. Il descendit le versant sud et je partis à l’opposé.

***

Chapitre 2

La liberté

« Que dans certaines circonstances la foi béatifie, que la béatitude ne fait pas encore d’une idée fixe une idée vraie, que loin de déplacer les montagnes la foi pourrait bien en placer là où il n’y en a pas… ».  L’antéchrist. Nietzsche.

J’allais au gré de mes certitudes

Autant de phares sur une mer incertaine

Lorsque les lumières se sont éteintes

La mer est restée sereine.

Un mois a passé avant que je ne revienne traîner mes pieds dans les collines entre Mimet et Simiane Collongue. De l’autre côté du pilon du Roi on peut voir la mer et les abords de Marseille. Je grimpai sur un rocher pour épier les environs et voir venir. La chaleur avait crû avec la venue des jours de Juin. Cette fois-ci j’avais pensé à emmener avec moi une gourde d’eau teintée de réglisse. Ce fut un mois riche en lectures et réflexions. Je tenais bien entendu à me montrer à la hauteur lors des prochaines discussions avec Manter. Qu’il me considère comme un interlocuteur digne de lui. Je ne savais pas encore qu’il était incapable de mépris. Je mangeai mon casse-croûte en rêvassant, puis je m’allongeai sur la pierre chaude. Le mistral était pénible, il me donnait des maux de têtes. Un couple de corbeaux passait au-dessus de moi en croassant lorsqu’une silhouette sombre apparut au loin sur un sentier qui descendait vers le sud ouest. J’étais sûr qu’il s’agissait de Manter, son chapeau peu ordinaire me le confirmait. J’avais soigneusement préparé le sujet dont je voulais l’entretenir, quel sens avait pour lui « l’amour chrétien » ?



2 réponses à « Tranches de livre – extrait 18 »

  1. J’apprends avec Manter moi aussi…
    Merci pour la richesse humaine de toutes ces pages Juan…
    Je t’embrasse bien fort
    💙💙💙

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    1. J’en suis le plus heureux, je t’embrasse fort aussi Barbara.

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