Étire ta langue

Poésies et pensées vagabondes


Tranches de livre – extrait 23

La liberté, cher ami, ce n’est pas seulement pouvoir disposer de son temps selon son gré. Ni pouvoir jouir d’un espace illimité pour se déplacer.

Oh, je sais bien de quoi vous parlez ! De la liberté de penser !

Il me fixa attentivement, comme pour voir à quel point je réalisais le sens de mes mots, puis il sourit avec tendresse.

Dans le monde de la pensée, il n’y a pas de possibilité pour la liberté. Toutes celles qui sont dans nos têtes nous sont prêtées. Les pensées sont comme des jouets dans la salle d’attente d’un pédiatre, nous oublions un moment qu’elles ne sont pas à nous, et quelque fois, nous mettons un de ces objets dans notre poche. Nous l’emmenons chez nous, puis avec le temps, nous finissons par oublier notre larcin, nous sommes sûrs qu’il nous a toujours appartenu. Le plus souvent c’est quelqu’un d’autre qui nous le glisse dans la poche à notre insu. Les objets s’entassent ainsi dans notre coffre, plus il est rempli et plus on se sent puissant, riche. Ensuite, nous manipulons ces jouets. Tantôt dans un ordre pour construire un pont, une maison, lancer une bataille, et cætera. Et tantôt nous démontons tout pour installer un nouveau décor, une autre aventure. Nous gesticulons, pendus à des fils. Avec un énorme sentiment de liberté. Parce que nous ne les voyons pas ces fils, nous ne savons pas que nous sommes des marionnettes.

Je l’avais derrière les yeux cette marionnette pendue à une croix. Je pouvais voir que chacun de ses mouvements était dirigé par les mouvements de la main qui la tenait.

Mais Manter, la liberté pour cette marionnette serait de couper ses fils, c’est impossible ! Aucune marionnette ne se meut d’elle-même, si on la libère des fils qui la portent, elle s’écrase sur le sol et devient inerte !

Joignant le geste à la parole, je ramassai une pierre ronde et la jetai contre la paroi du rocher noir. Elle vint heurter une grosse pierre, à cinq mètres de nous, sur laquelle elle rebondit avec force et alla se ficher dans un trou à deux mètres du sol. Sa loge n’était pas beaucoup plus grande que la pierre qui s’y blottit tel un œuf dans son nid.



4 réponses à « Tranches de livre – extrait 23 »

  1. Oh je me souviens de ce moment de magie où tout semble tendu dans un mouvement unique…
    Magnifique…
    Merci Juan
    Je t’embrasse bien fort💚💚💚

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  2. Grand merci à toi Barbara pour ta présence, « Grand comme » est un délice, merci mille fois.

    Je t’embrasse fort.

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  3. Merci Francine 💛💛💛

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