Les senteurs du jardin éternel

Hier, j’étais très fou. (partie 1)

Hier c’était avant, je veux dire à peine hier et avant hier, et toutes les années qui ont passé depuis plus de cinquante ans.

J’étais très fou.

Mais je ne m’en rendais pas compte.

Je n’en étais pas conscient et mes semblables non plus. Peut-être que leur propre folie ne leur accordait pas le temps et l’occasion de se rendre compte de la mienne.

Lorsque je dis : mes semblables, je ne parle pas seulement de mes proches, n’est-ce pas ?

Mes semblables sont tous ces gens que je fréquentais comme tous les autres que je pouvais croiser sur un trottoir ou en entrant dans une boulangerie.

Non seulement ils ne s’en rendaient pas compte, mais je paraissais à leurs yeux comme une personne raisonnable, et après la quarantaine, je devais même passer pour un sage ou en tous les cas quelqu’un qui cherchait la sagesse.