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Poésies et pensées vagabondes


Tranches de livre – extrait 34

Êtes-vous en train de dire que la vie est inconcevable sans une dose relative de violence ?

Je le crois bien, mon gars. Mais je dis aussi que nous sommes plus enclins à la violence qu’à la douceur. Notre cerveau reptilien, sans doute a fini par considérer que c’est le meilleur moyen de survivre. Alors que c’est faux, cette violence dégagée nous nuit d’une façon ou d’une autre. Un jour prochain, nous en paierons personnellement les frais.

Alors, comment faire pour endiguer cette agressivité ?

Entrer dans le paradoxe, mon cher. L’excès de violence vient de l’excès de peur, et l’excès de peur vient de notre sentiment d’importance. Pourtant, nous ne pouvons pas renoncer totalement à ce sentiment d’importance. Il nous faut trouver le juste compromis entre la volonté de vivre et la volonté de faire mourir.

Dites Manter, est-ce que l’espèce humaine est naturellement encline à réagir avec violence plus souvent que de raison, ou bien sommes nous soumis à un conditionnement ?

Je pense que certains éléments de notre histoire ont contribué au développement de notre instinct de domination. Dans presque toutes les espèces, on peut observer qu’il existe des couches sociales. Chaque strate confère un « pouvoir » correspondant à un étage de la pyramide. Mais encore, à chaque niveau, des pouvoirs individuels s’exercent les uns sur les autres.

Qu’entendez-vous par le mot « pouvoir » ?

Un « pouvoir », c’est l’exercice d’une autorité, et l’autorité recherche toujours le même objectif : la domination. Chez l’être humain, le besoin de dominer est exacerbé. Les systèmes de civilisation, les cultures, les religions, les traditions, l’éducation, et cætera… ont servi de base à l’installation de réflexes souvent confondus avec l’ordre naturel des « choses ». La compétition absolue et étendue à tous les domaines, nous est enseignée dès notre plus jeune âge. Nos parents préfèrent nous voir développer un caractère de gagnant. On ne peut plus compter les étages de nos pyramides sociales, leur nombre est infini. Il y a toujours un homme au-dessous d’un autre, et un autre homme au-dessus. Ce conditionnement est plus ancien que la culture grecque ; il est la structure de notre vision du monde, la charpente de nos morales et de nos philosophies.



2 réponses à « Tranches de livre – extrait 34 »

  1. Hélas…
    Merci Juan..
    Je t embrasse bien fort💙💙💙

    Aimé par 1 personne

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