Étire ta langue

Poésies et pensées vagabondes


Tranches de livre – extrait 31

Vous savez, lui dis-je, je me suis entraîné sur la corde, et j’ai vu le lien avec la violence et la peur.

Ce matin là, je m’étais levé à l’aube. Je voulais m’imprégner de la montagne, flâner en espérant sa venue. J’avais emmené de quoi pique-niquer : quelques tranches de tomates serrées dans deux tartines de pain de seigle et assaisonnées par mes soins, un bout de saucisson pour caler mon estomac. Il était arrivé vers quinze heures, c’était son heure. Il y avait bien deux heures de marche depuis le lieu où l’on laissait la voiture jusqu’au sommet des crêtes. Le mois d’août égrenait ses jours, et bientôt celui qui voit les vents du Nord renaître, allait arriver. Dans la famille, il se disait que le quinze août sonnait la fin des vacances, l’arrivée de l’automne.

Je saluai mon nouvel ami avec une affection non dissimulée. J’étais ravi de le voir et pressé de lui faire le récit de mes pérégrinations intérieures. Il me serra fermement la main. Je pensais en cet instant : « il me considère comme un adulte avec cette poignée de mains ».

Ah oui ? Raconte-moi ce que tu as vu.

Notre relation prenait une tournure qui me rappelait la série américaine très appréciée de cette époque. Elle s’intitulait « Kung-fu », le rôle principal était interprété par l’acteur David Carradine. Je me sentais bien dans la carapace du « petit scarabée ».

Tout d’abord je voudrais vous faire part d’un questionnement. Êtes-vous une sorte de maître, me considérez-vous comme votre élève ?

Ah voilà encore une drôle de question ! me lança-t-il en riant. Il respira quelques secondes avant de reprendre. Dans le dojo où j’enseigne l’aïkido, tout le monde m’appelle « Maître » ! Tradition Japonaise oblige. Mais ici, je ne vois rien qui puisse t’inciter à me donner de cette  « politesse ».

Mais depuis que je vous connais Manter, vous m’avez appris tant de choses. N’est-ce pas cette condition qui crée le Maître et l’élève ? Nous apprenons de tous ceux que nous rencontrons, le sais-tu ? Nous sommes également une source de savoir pour les autres. Devons- nous pour autant, donner du titre ?

Je ne vois pas bien ce que j’ai pu vous enseigner, lui dis-je.

Les apparences jouent en ce sens, mais je suis persuadé que tu en sais autant que moi. L’avance que j’ai sur toi par le nombre des années me facilite la tâche en ce qui concerne la définition des choses. C’est tout. Tu ne me transmets pas directement un savoir. Mais par le fil de nos échanges, et par ce que tu me donnes à observer ou à réfléchir, tu m’offres la possibilité d’être moins sot chaque matin.



4 réponses à « Tranches de livre – extrait 31 »

  1. Magnifique…
    Merci Juan…
    💙💙💙

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    1. Belle journée mon amie 💙💙💙

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      1. A toi aussi Juan 💙💙💙

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