Étire ta langue

Poésies et pensées vagabondes


Tranches de livre – extrait 32

J’étais un peu déçu, déconcerté, je tournais la langue dans ma bouche pour me donner le temps de la réflexion sur ces mots. Je ressentais tant le besoin d’être pris en charge. Le désir de recevoir un enseignement unique qui ferait de moi une personne rare. Il me stoppa dans mon ruminement. « Alors ? Veux-tu bien me raconter ce que tu as fait de beau tout ce temps ? ».

Cet exercice sur la corde, il est riche vous savez ! Lui lançai-je avec enthousiasme. J’ai pu observer que la peur de tomber est une simple pensée. Un discours intérieur qui sème la division en nous. Pourtant, à cette hauteur je ne risquais rien. C’était comme si je luttais contre moi-même. Toute mon énergie était engloutie dans ce combat. Je ne pouvais pas appliquer la concentration nécessaire pour percevoir le juste mouvement à produire. Les tensions et réactions des différentes parties de mon corps étaient trop brutales. Quand je me déstabilisais, je tombais comme une pierre. J’ai fini par comprendre qu’il était vain de fournir autant d’effort pour gagner l’équilibre sur la ligne, tant que je ne gagnais pas l’équilibre entre « moi et moi ».

Et qu’as-tu fait par la suite ?

J’ai reposé mes pieds sur le sol et j’ai observé mes pensées. Je les ai suivies une à une comme on suit un fil d’Ariane, et chaque fil me menait à une partie précise de mon corps. Puis je les ai éteintes, comme on éteint une lampe avec un interrupteur. Je sais qu’il est possible de le faire lorsqu’on connaît le chemin qui va d’une peur à l’organe.

Oui, alors ton ventre s’est détendu, ta respiration est devenue plus libre et tu as senti les champs de force que tu pouvais utiliser ?

Précisément ! Vous aviez raison, dès qu’on parvient à stopper la peur qui se répand en nous, la violence s’apaise comme un feu qui n’aurait plus d’oxygène. Et plus on s’accroche à un objectif, plus on souffle sur le feu de la violence.

Oui, ton image est bonne, c’est bien une question de souffle. Quand la paix s’installe en toi, la respiration devient une force qui s’appuie sur tout ce qui est autour. Elle étend ses bras à partir de ton ventre et tisse une toile dans laquelle tu peux te blottir, te laisser bercer et t’endormir.Pendant qu’il parlait, je repassais mes souvenirs les plus vivants de cette expérience. Au fur et à mesure que le bavardage de mes pensées se calmait, une sensation profonde et difficile à décrire me donnait l’impression d’une dimension agrandie de mon corps. J’étais devenu un géant. Il y avait au centre de ma vision la réalité physique de mon corps avec ses mesures normales, et tout autour, une enveloppe transparente. Une sorte de prolongement énergétique de mon corps. Les deux parties de mon être étaient étrangement solidaires. Quand la conscience physique ressentait une nécessité, une intention, le corps « vaporeux » obéissait et s’étirait dans la direction d’un point d’appui. Mon équilibre était sauvé.



4 réponses à « Tranches de livre – extrait 32 »

  1. Faire taire les bavardages en soi…oui…
    J’adore…
    Merci Juan 💙💙💙

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    1. Merci Barbara , je t’embrasse for et souhaite une douce journée💙💙💙

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      1. Je t’embrasse fort aussi Juan…
        Douce journée à toi 💙💙💙

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  2. Fort avec un t bien-sûr💙💙

    Aimé par 1 personne

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