Étire ta langue

Poésies et pensées vagabondes


Tranches de livre – extrait 33

Dites Manter, se peut-il que tout cela ait un lien avec le message de non-violence du Christ ?

Il me semble que les premières traces de non-violence dans la parole de ce messager résident dans son insouciance. Vivre comme les oiseaux, sans penser au lendemain. Cela peut se rapprocher du détachement et par conséquent agir sur le chahut des pensées. Les pensées n’habitent pas l’instant, elles occupent les immeubles du passé et de l’avenir.

Son image le fit beaucoup rire. Moi, elle me plongea dans une intense réflexion. Le reproche qui revenait souvent dans la bouche de mes parents concernait mon insouciance naturelle. L’insouciance n’était-elle pas un des caractères essentiels de l’enfance ? Ne pas m’inquiéter des jours à venir, j’aimais bien. Mais tout le monde autour de moi et surtout le système social nous pousse à préparer nos carrières d’adultes. La fameuse question de l’adulte à l’ado : « et qu’est-ce que tu feras comme métier plus tard ? », ou encore : « c’est maintenant que tu dois y penser, travailler à tes études, demain, il sera trop tard ! ». Manter voyait un lien entre cette philosophie et la violence des hommes…

Je dois vous dire Manter que l’insouciance, je sais la pratiquer. Mais j’ai beaucoup de mal à concilier ma tendance à me laisser porter du jour au jour suivant, avec les règles de la société. Je me suis souvent demandé si cette recommandation évangélique était rationnelle. Comment l’adapter à cette vie dans le monde moderne ou tout simplement sur cette planète ? Et puis, il me semble que bien des espèces animales font des réserves de provisions pour anticiper des temps plus durs, non ?

C’est vrai ! Quelques espèces le font. Mais elles sont très minoritaires. Je suppose que si elles ne le faisaient pas, elles disparaîtraient. De toute façon, les espèces qui broutent ou chassent au jour le jour, ne sont pas exemptes d’une certaine violence. Pour se nourrir, c’est toujours une affaire de compétition. Si cette question a du sens, elle ne peut en avoir que pour l’être humain. La violence animale est toujours justifiable. Nous sommes plus souvent violents qu’il est utile, parce que nous inventons des tas de raisons superflues de l’être… Je crois que c’est ce qu’il faut examiner.



2 réponses à « Tranches de livre – extrait 33 »

  1. Tellement juste…
    Merci Juan…
    Je t’embrasse bien fort 💙💙💙

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  2. Merci Barbara, moi aussi je t’embrasse fort.

    Aimé par 1 personne

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